Le bouddhisme thaïlandais n’a jamais totalement vaincu le culte des esprits qui repose sur des apparitions surnaturelles qui ont le pouvoir de porter bonheur mais aussi d’infliger de lourdes peines si elles ne sont pas satisfaites par des offrandes de nourriture, de fleurs et d’encens.
Ces êtres invisibles, appelés « phi », habitent les arbres, les cavernes, les cours d’eau, les maisons… Ils se manifestent aux hommes dans leurs rêves.
La maison des esprits
Si vous projetez de séjourner en Thaïlande, vous serez à coup sûr intrigué par les petites maisons miniatures que vous pourrez apercevoir juchées sur un perchoir. Et vous vous demanderez sans doute à quoi elles correspondent.
Et bien pour éviter que les phi errent sans fin et ne nuisent aux hommes, les Thaïlandais leur construisent de petits refuges dans lesquels ils déposent chaque jour leurs offrandes. Il convient effectivement d’obtenir quotidiennement les faveurs des esprits de sa demeure avec au moins un peu d’eau et de riz.
Par conséquent, lorsque les Thaïlandais emménagent, la première chose qu’ils font est de fabriquer un petit abri pour se concilier l’esprit protecteur du lieu. Le plus souvent perché sur un poteau, il peut prendre des formes très variées. Devant les habitations les plus humbles, il n’y a qu’un fragile montage végétal tandis que devant les habitations les plus riches, comme les banques ou les hôtels, trônent fièrement de somptueux palais.
De plus, dans ce second cas, les offrandes faites aux esprits sont bien plus raffinées et élaborées : petites poupées représentant des serviteurs, compositions de fleurs, fruits frais, friandises… Il arrive même que les gens leur proposent un repas complet, soigneusement présenté sur une assiette.
Les amulettes
Les Thaïlandais se parent d’amulettes suspendues à une chaîne autour de leur cou. Certains en portent même une demi-douzaine dans le but de se prémunir contre toutes sortes de malheur.
Ces gris-gris représentent souvent Bouddha ou certains sages vénérés. Vendus sur les marchés, ils peuvent valoir jusqu’à plusieurs centaines d’euros selon le pouvoir qui leur a été attribué au moment de leur bénédiction.
De surcroît, beaucoup de gens portent au poignet le « sai sin », qui est une cordelette de coton bénie par un bonze. Dans les campagnes, les tatouages sont censés avoir le même effet protecteur.
La maison aux esprits du Grand Hyatt Erawan Hôtel
C’est l’une des petites maisons les plus célèbres à Bangkok. Ce sanctuaire, dédié au dieu hindou Brahma, fut élevé par les propriétaires lors de la construction de l’hôtel dans les années 1950, après que plusieurs ouvriers furent blessés dans des accidents mystérieux et que le cargo transportant le marbre du hall d’accueil fit naufrage.
Une fois en place, il apaisa les esprits et l’hôtel put être terminé sans problème. Par conséquent, cette maison aux esprits acquit rapidement la réputation de porter la bonne fortune, même aux non-résidents.
A l’heure actuelle, cette maison aux esprits est le théâtre d’une véritable frénésie religieuse. En effet, les croyants arrivent les bras chargés d’encens et de bouquets de fleurs. Ils déposent aussi de petites statuettes d’éléphants en bois en hommage à Erawan, le très respecté dieu éléphant à trois têtes grâce auquel Brahma se déplaçait.
Notons que les Thaïlandais ne voient rien d’anormal à mêler ce type de croyances au bouddhisme. Leur tolérance est assez grande pour pouvoir les accepter.